SUR LE LUXE DE LA COMMUNICATION, UNE FILLE DES NEIGE ET DES MIRACLES DU NOUVEL AN
Ecrit par Ilya LOBOV le 21 décembre 2018
«Le seul luxe est le luxe de la communication humaine», écrivait Antoine de Saint-Exupéry. Juste récemment j`ai pu vraiment bien comprendre cette phrase, cité par un pilote militaire. J’ai juste essayé de regarder le monde à travers les yeux d’une personne qui est limitée en communication.
Tanya a déjà douze ans, mais ces deux dernières années, elle n’a pas pu étudier à l’école, mais à domicile. La fille a une maladie innée qui l`empêche d`etudier dans une école ordinaire. Après la naissance d’une sœur cadette, Tanya a dû arrêter ses études dans une école spécialisée pour enfants atteints de troubles musculo-squelettiques et fréquenter une école de quartier, mais les parents ne pouvaient choisir que des «cours particuliers à domicile».
Tanya est une fille avec un caractère très fort. Au cours de l’année écoulée, elle a déjà commencé à se déplacer de manière autonome dans la pièce, en s’appuyant au mur. Les professeurs viennent la voir tous les jours pour lui donner des leçons et lui donner l’occasion de «parler». Le cercle de famille est petit, alors Tanya est très ravie de voir chaque nouvelle personne, elle est ouverte et prête à communiquer.
Aujourd’hui, j’ai de nouveau rendu visite à Tanya. Je suis juste allé la voir avant d`aller à l’école. Non, bien sûr, ce n’est pas tout à fait aussi simple, il faut aller jusqu’au ravin lui-même, traverser à une centaine de mètres de la chaussée, car les riverains du secteur privé ne nettoient pas du tout les chemins longeant les maisons. Mais j’y suis allé. Nous avons parlé de petits groupes et des passe-temps de ses pairs.
Soudain, Tanya m`a demandé ce que j’apprends en 11e année et ce qu’il ya de nouveau dans notre école.
Avec un geste très naturel, elle a posé sa fine main gracieuse sur la mienne. Il y avait tellement de légèreté et de confiance dans ce geste. J`ai continué la discussion. Se rendant compte qu’elle pouvait me faire confiance, Tanya a enlèvé sa main et s’est intéressée vivement au sujet de la chimie qu’elle a hâte d’étudier.
Nous parlons sur un pied d’égalité. Mais je suis plus âgé et je comprends que, malheureusement, aucun de ses pairs, à l’exception d’anciens camarades de classe, ne s’intéresse à Tanya. Mais elle a besoin de si peu: parler, écouter et se faire entendre.
Et encore une fois, Tanya m`a touché la main, elle m`a serré la main. Elle m`a salué encore une fois. Je suis sincèrement heureux que Tanya visite aujourd’hui la fête à la mairie avec l’arbre de Noel avec sa mère. Elle aura de nouvelles expériences. Et je suis également heureux que la mère de Tanya puisse passer une heure et demie en dehors de sa maison. Grâce aux efforts quotidiens de cette jeune femme très fragile, Tanya apprend à jouer du piano, suit des cours à l’école de musique, nage dans la piscine, fait une partie de dame, et assiste à des massages thérapeutiques.
J’espère vraiment que ses camarades de classe vont grandir et qu’un jour, ils rendront visite à Tanya et lui feront de petits souvenirs de leurs propres mains. Même un simple signet dans un manuel, un dessin lui rappellera quelques minutes de communication agréable, ce que Tanya attend tellement.
À dix-sept ans, au réveillon du Nouvel An, je vais essayer de faire un petit miracle pour Tanya, pour lequel, le 29 décembre, je demanderai l`aide à notre fille des neiges à Kostroma.
00